EUCOR-Bibliotheksinformationen - Informations des bibliothèques: 10 (1997)

Marie-Laure Ingelaere:

MARIE JAELL
De l'art du piano à la science du toucher

Exposition organisée par la B.N.U.S. et le Conseil Général du Bas-Rhin
5 mai-25 mai 1997 de 14h à 18h
Strasbourg, HËtel du Département, Place du Quartier Blanc

Marie Jaëll-Trautmann est née le 17 août 1846 à Steinseltz, dans le nord de l'Alsace. Elle est irrésistiblement attirée par la musique et montre des dons exceptionnels pour le piano. Dès l'âge de 7 ans, elle étudie à Stuttgart. Elle a dix ans quand elle commence à travailler avec Henri Herz et obtient brillamment le Premier Prix de piano au Conservatoire de Paris, en 1862.

Depuis l'enfance, jeune virtuose, elle donne des concerts avec succès en Alsace et dans les grandes villes d'Europe. A vingt ans, elle rencontre en Allemagne le pianiste renommé Alfred Jaëll, ami de Liszt et l'épouse. Ils donnent ensemble des tournées triomp- hales. Avec lui, Marie entre dans le monde musical des plus grands : Brahms, Liszt, Rubinstein. Malheureusement, de santé fragile, Alfred meurt et Marie se retrouve seule à 35 ans.

Concertiste, Marie Jaëll est aussi compositeur. Saint-Saëns, le grand nom de la musique en France dans la deuxième moitié du XIXe siècle et Fauré, soutiennent sa candidature à la Société des Compo siteurs de Musique à Paris. Elle est l'une des premiè- res femmes à y être admises. Liszt disait d'elle: "un nom d'homme sur votre musique et elle serait sur tous les pianos".

Musicienne d'avantgarde, elle donne la première en France l'intégrale des Sonates de Beethoven, des œuvres de Liszt disait d'elle: "un nom d'homme sur votre musique et elle serait sur tous les pianos".

Elle décide de mettre toutes ses facultés au service de la mission qu'elle s'est assi- gnée, "apprendre à chacun à réaliser la beauté du piano". Paradoxement, parce que c'était "dans l 'air du temps", elle a l'idée d'étudier l'anatomie et la physiologie de la main et de mettre les méthodes expérimentales au service de sa démarche pédagogique.

Avec la collaboration du physiologiste Charles Féré, elle étudie en laboratoire, les rapports entre la sonorité, la main et le cerceau. A une époque où l'apprentissage du piano s'apparentait au dressage, dé veloppant principalement l'acquisition de mécanis- mes, elle propose une méthode originale, qui découle de ses observations : apprendre par le mouvement conscient en faisant appel autant à l'intelligence qu'à la sensibil ité tactile, auditive et visuelle. Même si Le Toucher (1894), "nouveau système d'étude" selon Marie Jaëll, semble n'être à première vue, qu'une méthode parmi d'autres il porte en germe, par sa démarche, l'évolution vers les techniques modernes.

Seule la quête passionnée de la beauté de son art la motivait profondément, afin de pouvoir transmettre à chacun ce qui donnait sens à sa vie : faire vivre la musique et en vivre pleinement ! Comme elle l'éc rit à une amie : "il me faut dépasser le stade de l'in- stinct et aboutir à la connaissance".

L'exposition présentée à l'HËtel du Département à Strasbourg, du 5 mai au 25 mai 1997, est d'abord, une invitation à découvrir la forte personnalité aux multiples facettes de notre musicienne, p uis peut-être aussi, une invitation à considérer si cette éducation de la main que propose Marie Jaëll, ne reste pas encore aujourd'hui, un chemin d'accès possible à la beauté de la musique ?



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