EUCOR-Bibliotheksinformationen - Informations des bibliothèques: 4 (1994)

LA BIBLIOTHEQUE SOUS L'OEIL DU COMITE NATIONAL D'EVALUATION

Pierre Chourreu (B.U. Mulhouse)


En 1992 et 1993, l'Université de Haute Alsace a été évaluée par le "Comité National d'Evaluation" (CNE).

Cet organisme, créé au début des années 80, a pour objectif d'évaluer l'activité des "établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel" : il s'agit en fait de l'ensemble des établissements d'enseignement supérieur, qu'il s'agisse d'universités, d'écoles ou d'instituts spécialisés. L'examen pratiqué par le CNE touche l'ensemble des composantes de l'université, dans tous leurs aspects ; la documentation en est un aspect important.

Les analyses du CNE doivent permettre à l'Etat qui l'a institué d'améliorer son soutien aux établissements d'enseignement supérieur, mais aussi de vérifier que les moyens qu'il leur accorde sont bien employés.

Autant le dire, les rapports (faut-il dire verdicts?) du CNE sont attendus avec une certaine appréhension par les universités examinées. L'impact de ses conclusions auprès du Ministère de l'Enseignement Supérieur et des Collectivités Locales est certain : ces derniers sont les bailleurs de fonds majoritaires, et de loin, des universités.

Son impact auprès du grand public est moins direct, mais sûrement pas négligeable, au moins par le biais des média, qui se font les échos des "jugements" les plus tranchés, en bien ou en mal, et qui utilisent ces rapports dans l'établissement de leur propre classement des universités (comme "l'Express" ou "le Monde de l'éducation").

Dans le cas de l'université de Haute Alsace, avec quelques bémols ici ou là, le jugement d'ensemble est favorable -comme on pourra en juger d'après les têtes de chapitres de la conclusion du rapport :

  1. Une croissance maîtrisée et bien orientée.
  2. Un enseignement supérieur puissamment soutenu par son environnment.
  3. Un développement inégal suivant les secteurs.
  4. Quelques problèmes de structure.
  5. Un enseignement de qualité.
  6. Une recherche active dans certains domaines.
  7. Une université ouverte.
  8. un ensemble dynamique.

Venons-en maintenant à la documentation, qui nous intéresse en premier chef. Les remarques qui suivent n'ont pas pour objectif de paraphraser l'enquête du CNE, mais d'une part de réfléchir à ses modalités, et dans un deuxième temps d'en évoquer les aspects qui concernent le plus EUCOR.


L'EVALUATION DU SERVICE COMMUN DE LA DOCUMENTATION

Le CNE a fait porter son examen sur l'ensemble documentaire de l'Université : la Bibliothèque Universitaire (B.U.) bien sûr, mais aussi l'ensemble des bibliothèques dites "associées" -bibliothèques d'instituts ou d'Ecoles. Rien là que de très normal : c'est le signe que le "Service commun de Documentation", dont la B.U. est la tête, est devenu une réalité - ce qui est le meilleur sort qui puisse arriver à un texte officiel.

Comment se déroule l'enquête ?

Dans un premier temps, le Comité demande la fourniture de données chiffrées très complètes, mais rien qui dépasse l'ensemble de l'appareil statistique demandé par le Ministère _ fréquentation, volume et accroissement des collections, mouvements des documents, services spécialisés (banques de données par ex.), locaux et personnels, horaires.

Le questionnaire dans lequel ces données chiffrées sont présentées est toutefois un document propre au CNE, et comprend un certain nombre de questions supplémentaires, destinées à apprécier l'histoire de l'établissement, ses composantes de l'Université, enfin la qualité de l'accueil fait au public et du service qui lui est rendu.

L'essentiel dans cette phase du travail ne consiste pas dans l'originalité -inexistante- des questions ni des réponses, mais dans la rapidité du traitement demandée par le CNE. Il s'agit là de tester le degré d'organisation d'un établissement.

Dans un deuxième temps, une délégation du CNE se rend dans l'établissement soumis à l'examen, pour y procéder à ce qu'on peut appeler une véritable inspection : visite des différentes bibliothèques, interview de membres du personnel et d'usagers, entretien approfondi avec les principaux responsables.

L'étonnant à ce stade est l'empirisme des méthodes mises en oeuvre - la qualité des fonds est jugée d'aprés un appareil statistique et un passage rapide dans les rayons. Certes, l'évaluation des collections n'est pas une science exacte, mais c'est un peu plus que ce type d'examen assez "pifométrique", passez-moi l'expression. De même, le détail des techniques employées dans les bibliothèques n'est que survolé.

Il faut voir là le résultat de deux causes. D'une part, le faible développement des études sérieuses sur les collections en France par notre profession. D'autre part, le fait que jusqu'à récemment, et ce fut le cas de Mulhouse, l'évaluation des bibliothèques par le CNE n'est pas le fait de spécialistes. Il ne faut certes pas méconnaître le qualité du jugement porté par un universitaire éprouvé sur les choses des bibliothèques. Néanmoins, pour juger de près l'efficacité de ces services, il me semble, comme pour n'importe quel domaine spécifique, que l'oeil du spécialiste s'impose. En demandant depuis le milieu 1993 l'intervention de professionnels des bibliothèques pour les évaluations documentaires, le CNE paraît faire sien ce point de vu.

La troisième étape est celle de la rédaction du rapport.

Une première version en est envoyée à l'établissement évalué, aux fins de corrections desd erreurs (d'interprétation notamment) qui surgissent inévitablement lors de la lecture des statistiques, voire des entretiens. Le CNE se déplace même pour entendre ceux qui estiment que le pré-rapport déforme la réalité des choses. Mais la rédaction finale lui appartient sans partage.


LA BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE ET EUCOR

Le CNE le remarque, pour la bibliothèque comme pour l'ensemble de l'Université de Haute Alsace : sa position géographique très favorable ne se traduit pas, jusqu'à maintenant, par des collaborations internationales qui intéressent de nombreux étudiants : ces collaborations concernent principalement la recherche, au moins pour l'instant.

A la bibliothèque, mis à part l'accueil de quelques stagiaires bibliothécaires venus de Bâle, la fréquentation par le public EUCOR est inexistante.

Sans doute faut-il voir là, et c'est sans doute plus marqué encore dans le domaine des bibliothèques, le fait que notre établissement est, comme le dit le CNE, "le plus jeune et le plus petit du groupe prestigieux des universités d'EUCOR".

Nous prenons acte, moi le premier, de ces limites pour tenter de renforcer nos domaines les plus remarquables et parvenir ainsi à proposer aux étudiants d'EUCOR un service qui mérite leur attention et les incite, pour sa part, à venir à Mulhouse.



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