EUCOR-Bibliotheksinformationen - Informations des bibliothèques: 5 (1994)
o....Deutsche Übersetzung

Colloque international Sebastian Brant, son époque et "La Nef des fols"

Gonthier-Louis Fink (Strasbourg)


C'est le jour du Carnaval, en 1494, que parut à Bâle Das Narren-Schyff de S. Brant. L'Université a voulu s'associer à la commémoration du 500e anniversaire de cette oeuvre en s'interrogeant de nouveau sur S.Brant et en faisant le point sur La Nef des Fols et son auteur lors de ce Colloque international, qui, grâce à l'aide de l'Université des Sciences humaines, de la Bibliothèque Nationale et Universitaire et de la Deutsche Forschungsgemeinschaft, a pu se dérouler au Pailais universitaire de Strasbourg du 10 au 11 mars 1994.

La date de la publication et certaines gravures placées sous le signe de "Gaudeamus" pourraient donner lieu à une méprise, d'autant plus que bien rares sont aujourd'hui ceuy qui ont lu La Nef des Fols, bien qu'en 1975 Madame Madeleine Horst en ait donné une traduction française, préfacée par notre collègue Philippe Dollinger et qui, agrémentée de quelques archaïsmes pour lui donner une certaine patine, se lit facilement.

En fait, le "gaudeamus" de S.Brant tient de la parodie et de la satire. En effet, comme l'auteir le souligne au chapitre intitulé "Von Faßnachtsnarren", loin d'être une glorification du Carnaval, La Nef est un Anti-Carnaval, dont elle fustige les coutumes, le jeu, la danse, la goinfrerie, les débordements sexuels, les déguisements par lesquels artisans, paysans, hommes et femmes veulent se faire passer pour ce qu'ils ne sont pas. Pour S.Brant, le Carnaval n'épingle pas des travers exceptionnels; il est au contraire l'expression de la folie des hommes. Le costume de bouffon qu'on adopté les carnavaliers, avec le capuchon à oreilles d'âne garni des clochettes et la marotte, n'est pas un déguisement. Sans qu'ils s'en rendent compte, il les caractérise au contraire. S'abandonnant à leurs instincts, aveuglés par les plaisirs, ils pensent pouvoir servir deux maîtres, Dieu et Mammon. Prenant l'accidentiel pour l'essentiel, les hommes ont oublié de se préoccuper de leur salut. Aux yeux de Brant, cette folie est universelle, comme dans la Danse macabre; juge rigoureux, il la traque dans tous les états, y compris chez les pères de famille, chez les moines et les curés. Passant en revue dans les 112 chapitres de son livre les différentes expressions de la folie, c.à.d. l'aveuglement des hommes, leurs travers et leurs péchés, il présente dans La Nef un miroir satirique à la gent humaine ou, plus exactement, à la chrétienté, car à son avis le monde est à l'envers, ce qu'ils nous rappelle grâce à de nombreuses antinomies. La raison s'oppose à la folie et à la nature, le sage au fol, l'ordre moral et social à l'anarchie et au désordre, le passé idéal au présent corrompu. Ainsi, nous reconnaissons dans La Nef des Fols bien des topoi de la littérature et de la peinture de l'époque.

Comme, à en croire Brant, présentement les humains ne cherchent qu'à vivre leur folie, ils s'embarquent volontiers pour la Narragonie, tout comme ils montent dans les charriots du Carnaval, mais ils n'arriveront nulle part, car le Pays de Cocagne, qui. aux yeux de Brant, est synonyme de Narragonie, est une chimère. La Nef des fols est un "Vaisseau fantôme, condamné à errer et à périr corps et bien", selon l'heureuse expression de Joël Lebebvre [1]. Qu'ils fassent naufrage ou qu'ils se perdent en mer, ils sont confrontés à la mort, voire à l'enfer, et plus rapidement que s'ils étaient restés tranquillement à la maison. Laudator temporis acti, fondementalement conservateur, le narrateur de La Nef des Fols prône le repli sur soi eet le contentement, mais peut-être ne faut-il pas confondre narrateur et auteur, car les exigences du genre et de la satire ont sans doute amené S.Brant à prendre ce masque du satiriste intransigeant. Malheureusement, nous ne disposons pas de documents personnels suffisants pour nous permettre de préciser cet éventuel décalage; c'est pourquoi les exposés et les discussions du Colloque ne nous ont pas permis d'aller plus loin sur ce point.

Si l'on veut comprendre ce monde à l'envers, comprendre dans quelle mesure Brant nous présente un miroir de ce temps de crise, de cette fin de siècle, qui a plus d'un point en commun avec le notre époque, il faut connaître l'arrière-plan historique et local dans lequel s'insère et par lequel s'explique en partie son oeuvre. C'est cet arrière-plan qu'évoqua. F.Rapp en insistant sur la réforme de l'éducation et en montrant avec force détails l'interaction des trois éléments culturels de la région, imprimerie, clergé et humanisme, et les liens que S.Brant entretenait avec les humanistes.

A l'époque il n'y avait qu'une infime minorité de gens sachant lire, d'autant qu'en 1494, nous nous trouvons à une période de transition, le passage d'une culture orale à une culture écrite ne se faisant que très progressivement. Les premiers livres imprimés sur des presses mobiles dataient de quelques dizaines d'années à peine et naturellement ils étaient chers. Or, dans la mesure où la folie était générale, il fallait aussi s'adresser à tous. Ce n'est pas le seul paradoxe de S.Brant; au moment où il se plaint que, rendant les livres accessibles à un plus grand nombre, l'imprimerie contribue à corrompre le monde, il choisit, lui, les moyens qui lui permettent d'atteindre le plus grand nombre, d'une part en recourant à la langue nationale, à l'allemand, tandis que la grande majorité des livres étaient encore écrits en latin, langue de communication à l'intérieur de la république des savants européens. D'autre part, il reprend le procédé des feuilles volantes où une gravure accompagnée d'une légende permettait à un public illettré de comprendre et de retenir la question posée ou l'histoire présentée, une fois qu'elle avait été expliquée par un tiers qui, lui, savait lire. Autrement dit, Brant concevait le Narrenschyff comme un contre-poison. C'est cette interrelation entre les gravures sur bois et le texte que fit ressortir W.Harms en illustrant son exposé de nombreuses diapositives.

Dans La Nef des Fols la misogynie médiévale survit encore, sous une forme atténuée, il est vrai, comme le montra Mme B.Lafond en expliquant quelles conclusions S.Brant tire de son image de la femme; par l'idée qu'il se faisait de l'amour dans le mariage, il se rapprochait des premiers humanistes. En interprétant plusieurs image du Narrenschyff dues à la traduction de la Bible par Saint Jérôme, W.Barner fit ressortir quelques aspects du rôle de la tradition, présente en outre grâce aux références á l'antiquité, et il montra en même temps qu'avec la découverte de l'individu, celui-ci commençait à servir d'instance.

Certes, malgré les excellentes synthèses qu'ont proposées en 1966 Barbara Könneker et Ulrich Gaier, et en 19688 J.Lefebvre, malgré les travaux récents de Gudrun Aker [2] et de Sabine Heimann [3], d'autres aspects auraient mérité encore d'être abordés. Mais nous ne pouvions ni ne voulions être exhaustifs; en apportant notre contribution à la recherche, nous espérons que La Nef des Fols continuera à intéresser lecteurs et chercheurs.

Aujourd'hui nous avons quelques mal à comprendre l'extraordinaire écho qu'a trouvé le Narrenschyff lors de sa parution, car, avouons-le, la répétition des mêmes formules et le didactisme moralisateur rendent la lecture de cette oeuvre parfois un peu fastidieuse. L'auteur reste trop enfermé dnas son univers moral. Inquiét de voir l'évolution du monde, les valeurs chrétiennes remplacées par des valeurs matérielles, qui, en grande partie, sont encore les nôtres, il se montre intolérant et condamne le rire et la joie. A l'époque par contre, La Nef des Fols fut accueillie comme un extraordinaire chef d'oeuvre et même comparée à l'Odyssée, dont, au chapitre 108, S.Brant donne d'ailleurs une lecture bien dans l'esprit de son livre. Quelques contemporains jugèrent même S.Brant supérieur à Homère et virent dans La Nef une "divine satire", le digne pendant de La Divine Comédie. C'est pourquoi il eût été impensable de ne pas aborder la réception de cette oeuvre.

Les contre-façons du Narrenschyff sont d'autant plus intéressantes qu'elles sont infidèles et l'écart est souvent hautement significatif. Tandis que F.Hartweg analysait une contre-façon éditée à Nuremberg, J.D.Müller parla d'une suite qu'un imprimeur de Strasbourg donna à La Nef; modifiant l'ordre des chapitres, altérant le texte et développant bien des exhortations de la première partie, il avait présenté un texte suivi. S.Brant avait protesté contre un tel abus, faisant valoir que son continuateur était loin d'atteindre la qualité poétique de sa Nef à lui et soulignant surtout que seul l'auteur était habilité à donner une suite à son œuvre, ce par quoi il avait manifesté une conscience d'auteur, encore inconnue au Moyen Age.

G.Bauer expliqua la curieuse réception en cascade du Narrenschyff. Nul plus que Geiler v. Kaysersberg, prédicateur strasbourgeois au verbe puissant, n'a contribué à faire connaître les remontrances de S.Brant à un public souvent illettré puisqu'il a utilisé les chapitres du Narrenschyff pour ses sermons; mais comme ceux-ci n'avaient pas été imprimés à l'époque, en dehors de la région ils étaient surtout connus par la traduction latine de Jakob Otther. Si jusqu'alors celle-ci avait été considérée comme fidèle, vu les relations entre le prédicateur et le traducteur, G.Bauer pense que le franciscain alsacien Johannes Pauli, bien connu aussi pour ses recueils de farces et qui, à son tour, a exploité les sermons de Geiler, en a sans doute donné une version plus fidèle, dans la mesure où il respectait davantage le genre.

Certes, au XVIe siècole La Nef des Fols était encore bien connue, mais on estime généralement qu'au cours du XVIIe siècle elle commença à tomber dans l'oubli. M.Lemmer (Halle) put cependant montrer, grâce à de nombreux témoignages, qu'elle avait encore trouvé un écho non seulement auprès d'écrivains du XVIIe siècle comme Gryphius, mais que même au XVIIIe siècle les citations extraites du Narrenschyff étaient encore nombreuses.

Si la réception fut internationale alors, ce n'était naturellement pas grâce à l'édition allemenade de Bâle, mais par le truchement de la traduction latine que S.Brant lui-même avait envisagé de donner et que finalement son élèlve, Jacob Locher, présenta à ses collègues de la République des lettres. D'autres suivirent. C'est à partir de ces traductions latines que La Nef a été traduite en français et dans différentes autres langues. Naturellement, dans les deux jours de ce Colloque nous n'avons pas pu nous arrêter longement sur cet aspect. Grâce à John Flood (Londres) il fut néansmoins possible de suivre, à titre d'exemple, la réception de La Nef en Angleterre.

L'œuvre de S.Brant ne se réduit cependant pas au Narrenschyff. Ses autres oeuvres sont certes moins connues, mais quand l'édition préparée par l'équipe du professeur Roloff verra le jour, on pourra sans doute mieux cerner la personnalité de cet écrivain. En attendant, Th.Wilhelmi (Bâle) nous en donna un aperçus en présentant le volume consacré aux poésies de circonstance, genre mineur, il est vrai, mais qui, jusqu'au milieu du XIXe siècle, a eu une importance que nous avons du mal à imaginer. J.Knape (Tübingen) jeta un coup d'œil dans l'atelier du poète Brant en présentant les différents aspects de l'épigramme, autre genre cher à l'époque et que les humanistes ont repris de l'antiquité.

Pour finir, nous avons changé de registre. Si La Nef des Fols laisse juste deviner que S.Brant était un fervent du culte marial, son Rosarium, qu'a interprété N.Henkel (Regensburg), le confirme et permet du même coup de préciser la religiosité de S.Brant, qui, dans le Narrenschyff, semble se confondre avec la morale.




 
[1] Les Fols et La Folie. Etude sur les genres du comique et la création littéraire en Allemagne pendant la Renaissance. Paris 1968. Dans cette thèse J.Lefebvre montre dans quelle mesure La Nef des Fols contrastait d'une part avec le monde comique des jeux de Carnaval , représentés sur les tréteaux de différents centres de l'Empire, et d'autre part avec l'Eloge de la Folie d'Erasme et Till l'Espiègle .
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[2] Literatur und Kultur an der Wende zur Neuzeit. Stuttgart 1990
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[3] Begriff und Wertschätzung der menschlichen Arbeit bei S.Brant und Th.Murner. Stuttgart 1990
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Internationales Kolloquium Sebastian Brant, seine Epoche und das Narrenschiff

Gonthier-Louis Fink (Straßburg)
Übersetzung: Ursula Bernhardt (BLB Karlsruhe)

An Fastnacht 1494 erschien in Basel das Narren Schyff von Sebastian Brant. Aus Anlaß des 500jährigen Geburtstages dieses Werkes hat die Universität Straßburg ein internationales Kolloquium veranstaltet, das sich Sebastian Brant und seinem Hauptwerk, dem Narrenschiff, widmete. Unterstützt von der Université des Sciences humaines, der Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg und der Deutschen Forschungsgemeinschaft fand es am 10. und 11. März 1994 im Palais universitaire statt.

Der Zeitpunkt der Veröffentlichung des Narrenschiffs und einige seiner Illustrationen unter dem Motto "Gaudeamus" könnten zu einem Mißverständnis führen, umso mehr als es heute nur wenige Menschen gibt, die das Werk gelesen haben, obwohl es - von Madeleine Horst 1975 ins Französische übertragen (Vorwort von Philippe Dollinger) und angereichert mit einigen sprachlichen Archaismen - heute leicht zugänglich ist.

Das Narrenschiff ist jedoch alles andere als eine Verherrlichung des Karnevals, es ist eine Schrift gegen dessen Bräuche, Spiele, Tänze, Schlemmereien und sexuelle Ausschweifungen ebenso wie gegen den Brauch der Handwerker und Bauern, der Männer und Frauen, sich durch Verkleidung für das auszugeben, was sie nicht sind. Brant prangert durch den Karneval nicht irgend welche Laster an, sondern die allgemeine Narrheit der Menschen. Das Narrenkostüm mit Eselsmütze, Glöckchen und Narrenzepter, wie es vom Karneval übernommen wurde, ist demnach keine Verkleidung. Im Gegenteil: es charakterisiert deren Träger, die sich ganz ihren Instinkten hingeben, durch ihr Vergnügen verblendet sind und meinen, sie könnten zwei Herren, Gott und Mammon, dienen. Indem die Menschen das Zufällige für das Wesentliche halten, kümmern sie sich nicht mehr um ihr Seelenheil. Brant zufolge betrifft die Narrheit wie der Totentanz alle Menschen; als strenger Richter brandmarkt Brant alle Stände, selbst Hausvater, Mönche und Pfarrer. In den 112 Kapiteln seines Buches zeigt er die verschiedenen Ausdrucksformen der allgemeinen Narrheit, die Verblendung der Menschen, ihre Fehler und Sünden und hält so der Menschheit, genauer gesagt der Christenheit, einen Spiegel vor. Denn seiner Ansicht nach steht die Welt gleichsam auf dem Kopf, was er durch zahlreiche Gegensätze zeigt: So werden die Vernunft mit der Narrheit und mit der Natur, der Weise mit dem Narren, die soziale und moralische Ordnung mit der Anarchie und dem Chaos, die ideale Vergangenheit mit der korrumpierten Gegenwart konfrontiert. Somit erkennen wir im Narrenschiff eine Reihe von Topoi aus der Literatur und der Malerei jener Zeit.

Da nach Brants Auffassung die Menschen nur darauf aus sind, sich ihrem Narrentum zu überlassen, schiffen sie sich nach Narragonien ein oder besteigen ihre Fastnachtswagen, aber sie kommen nirgendwo an, denn das Schlaraffenland, das Brant zufolge ein Synonym für Narragonien ist, ist nichts als eine Chimäre. Das Narrenschiff ist, um die treffende Formulierung von Joël Lefebvre [1] zu benutzen, ein "Schiff, das wie das des fliegenden Holländers dazu verurteilt ist, umherzuirren und mit Mann und Maus unterzugehen." Ob sie Schiffbruch erleiden oder im Meer zerstreut werden, sie sehen dem Tod, ja der Hölle ins Auge und das viel früher, als wenn sie ruhig zuhause geblieben wären. Der erzkonservative Erzähler des Narrenschiffs stellt sich als Laudator temporis acti dar, er plädiert für Begrenzung und Mäßigung. Aber Erzähler und Autor sollten vielleicht nicht miteinander verwechselt werden, denn die Erfordernisse der Gattung und der Satire haben wohl Brant dazu geführt, die Maske des unversöhnlichen Satirikers anzulegen. Leider fehlen die persönlichen Quellen, die mögliche Diskrepanzen zwischen Autor und Erzähler festzumachen erlauben würden.

Will man diese verkehrte Welt verstehen, will man begreifen, inwiefern Brant uns einen Spiegel jener krisenreichen Zeit vorhält, die vieles mit unserer Jahrhundertwende gemeinsam hat, so muß man den historischen und lokalen Hintergrund erforschen, vor dem ein Teil von Brants Werk zu sehen ist. Eben auf diesen Bereich ging Francis Rapp (Straßburg) ein, der Schulreform und Wechselbeziehungen von Druckerei, Kirche und Humanismus, den drei kulturellen Elementen der Region, sowie Brants enge Beziehungen mit den Humanisten untersuchte.

Zu jener Zeit konnten nur wenige Menschen lesen, zumal erst wenige Jahrzehnte vor 1494 Bücher mit beweglichen Lettern gedruckt wurden und diese selbstverständlich noch sehr teuer waren. Da aber die Narrheit allgemein verbreitet war, mußte Brant sich an alle Menschen wenden. Das ist nicht das einzige Paradox bei ihm; obwohl er beklagte, daß die Verbreitung von gedruckten Büchern die Menschen verdürbe, greift er zu Mitteln, die ihm erlauben sollen, eine möglichst große Zahl von Lesern anzusprechen; einerseits bedient er sich der Landessprache, während die Mehrheit der Bücher noch immer in Latein, der Sprache des gebildeten Europas, verfaßt waren; andererseits übernimmt er von den Flugblättern das Verfahren der Abbildung mit erläuternder Legende, das einem ungebildeten Publikum ermöglichte, die gestellte Frage oder die erzählte Geschichte sich zu merken, sobald sie ihm einmal von einem Dritten, der lesen konnte, erklärt worden waren. Mit anderen Worten: Brant konzipierte das Narrenschiff als Gegengift. Diese Wechselbeziehung zwischen Holzschnitten und Text erläuterte Wolfgang Harms (München) in seinem Vortrag, den er durch zahlreiche Dias anreicherte.

Auch der mittelalterliche Weiberhaß lebt, wenn auch in gemilderter Form, im Narrenschiff weiter, wie Barbara Lafond (Straßburg) anhand von Brants Frauenbild ausführte; seine Auffassung der ehelichen Liebe hatte manches gemeinsam mit der der ersten Humanisten. Wilfried Barner (Göttingen) erklärte Bilder, die Brant der Bibelübersetzung des Hl. Hieronymus entnommen hatte, und hob somit Aspekte einer Tradition hervor, die im Narrenschiff auch dank vieler Verweise auf das Altertum präsent ist, ein Anzeichen dafür, daß mit dem Hervortreten des Individuums die Antike allmählich zur gern zitierten Instanz wird.

Auch nach den ausgezeichneten Synthesen von Barbara Könneker, Ulrich Gaier (1966) und J. Lefebvre (1968), auch nach den jüngsten Arbeiten von Gudrun Asker [2] und Sabine Heimann [3] hätte man noch andere Aspekte betrachten können. Aber wir konnten und wollten das Thema nicht erschöpfen. Wir hoffen aber, mit diesem Beitrag zur Erforschung von Brants Werk weitere Leser und Forscher für das Narrenschiff zu interessieren.

Heute können wir uns nur schwer vorstellen, wieso das Narrenschiff bei seinem Erscheinen einen so außerordentlichen Erfolg hatte, denn die häufige Wiederholung der gleichen belehrenden Wendungen ermüdet eher den modernen Leser. Uns ist der Autor zu sehr in seiner moralischen Welt verhaftet. Durch der Entwicklung der Welt beunruhigt, in welcher christliche Werte von materiellen verdrängt wurden, die großteils noch die unseren sind, erweist er sich als höchst intolerant und verurteilt alle Freude wie alles Lachen. Im ausgehenden 15. Jahrhundert jedoch wurde das Narrenschiff als ein Meisterwerk gefeiert und sogar mit der Odyssee verglichen, die Brant übrigens im 108. Kapitel auf eine Art interpretiert, die dem Geist des eigenen Buches entspricht. Einige Zeitgenossen stellten Brant sogar über Homer und sahen das Narrenschiff als eine "Göttliche Satire" an, als ein würdiges Gegenstück zu Dantes Göttlicher Komödie. Daher wäre es undenkbar gewesen, bei diesem Kolloquium nicht auch auf die Rezeption des Werkes einzugehen.

Die Nachahmungen des Narrenschiffs sind umso interessanter, je weniger sie sich an das Vorbild halten. Frédéric Hartweg (Paris) analysierte eine in Nürnberg erschienene Nachdichtung, Jan-Dirk Müller (München) behandelte einen Straßburger Nachdruck, dessen Drucker die Reihenfolge der Kapitel verändert, den Text verfälscht, manche Brantsche Warnung und Mahnung weiter ausgeführt und statt lose aneinandergereihter Szenen nun einen fortlaufenden Text geliefert hatte. S. Brant hatte gegen einen solchen Mißbrauch protestiert, die literarische Qualität der Nachdichtung kritisiert und vor allem betont, nur ihm, dem Verfasser, sei vorbehalten, eine Fortsetzung des Narrenschiffs herauszugeben; mit dieser Forderung manifestierte er so etwas wie ein Urheberrecht, das im Mittelalter noch unbekannt war.

Gerhard Bauer (Mannheim) erläuterte die seltsame indirekte Rezeption des Narrenschiffs. Kein geringerer als Geiler von Kaysersberg, der wortgewaltige Straßburger Prediger, hat zur Verbreitung von Brants Mahnungen auch bei seinem ungebildeten Publikum beigetragen, da er Kapitel aus dem Narrenschiff für seine Predigten verwendete. Da diese aber zu jener Zeit noch nicht gedruckt wurden, waren sie außerhalb der Region vor allem durch die lateinischen Übersetzung von Jakob Otther bekannt. Im Gegensatz zur allgemeinen Annahme, daß in Anbetracht des engen Verhältnisses zwischen Prediger und Übersetzer jene lateinische Übersetzung als eine äußerst treue zu betrachten wäre, meint G. Bauer, daß der durch seine Schwanksammlungen bekannte elsässische Franziskaner Johannes Pauli, der seinerseits aus Geilers Predigten schöpfte, davon eine getreuere Fassung geliefert habe, da er auch den Habitus der Gattung besser beachtet habe.

War im 16. Jahrhundert das Narrenschiff noch sehr bekannt, so wird aber generell angenommen, daß es im Laufe des 17. Jahrhunderts allmählich in Vergessenheit geriet. Manfred Lemmer (Halle) konnte jedoch dank zahlreicher Zeugnisse zeigen, daß es nicht nur bei Schriftstellern des 17. Jahrhunderts wie Gryphius nachwirkte, und daß selbst im 18. Jahrhundert Zitate aus dem Narrenschiff keine Seltenheit waren.

Nicht der deutschen Basler verdankt Brants Werk seine damalige internationale Rezeption, sondern der lateinischen Übersetzung, die der Autor selbst ins Auge gefaßt hatte und die schließlich durch seinen Schüler Jacob Locher angefertigt wurde. Andere folgten. Auf der Grundlage der lateinischen Übersetzungen wurde das Narrenschiff ins Französische und in verschiedene andere Sprachen übertragen. Innerhalb der zwei Tage des Kolloquiums konnten wir uns diesem Aspekt selbstverständlich nicht ausführlich widmen. Dank des Vortrags von John Flood (London) war es jedoch möglich, als Beispiel die Rezeption des Narrenschiffs in England zu verfolgen.

Brants Werk reduziert sich nicht auf das Narrenschiff. Seine anderen Werke sind zwar weniger bekannt, aber sobald die von Hans Gert Roloff und seinen Mitarbeitern vorbereitete Ausgabe erschienen sein wird, wird man die Persönlichkeit des Autors umfassender würdigen können. Thomas Wilhelmi (Basel) gab uns ein Beispiel dafür, indem er den Band der Gelegenheitsgedichte vorstellte, eine zwar eniger geschätzte Gattung, die jedoch bis in die Mitte des 19. Jahrhunderts eine für uns kaum vorstellbare Beliebtheit genoß. Joachim Knape (Tübingen) warf einen Blick in die Werkstatt des Dichters Brant, indem er verschiedene Aspekte der Gattung Epigramm erläuterte, die in jener Epoche ebenfalls beliebt war und von den Humanisten aus der Antike übernommen worden war.

Die dem Narrenschiff zu entnehmende Vermutung, Brant sei ein glühender Verehrer des Marienkults gewesen, findet sich durch das Rosarium bestätigt, dem Nikolaus Henkel (Regensburg) seinen Vortrag widmete; So ließ sich zum Abschluß an diesem kleinen Werk Brants Religiosität festmachen, die sich im Narrenschiff mit der Moral zu vermischen scheint.



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